Etienne Monier.

Un illustre inconnue ? pas tout à fait...

Étienne Monier est né de parents vignerons à Estagel, petite ville à forte tradition anarchiste depuis la résistance au coup d'État de Napoléon III en 18513. Il apprend le métier de jardinier et de fleuriste4. En 1909, il part pour Paris. Le 4 décembre 1910, il refuse de faire son service militaire et part à l’étranger. Afin de revenir en France il change d'identité, il utilise les papiers d'un ami anarchiste du nom de Samuelis Simentoff, né le 15 janvier 1887 à Síros en Turquie. À Paris, il fait la connaissance de Victor Serge et Rirette Maîtrejean, et rencontre Jules Bonnot.

Le 25 mars 1912, il est à Montgeron durant le vol d'une automobile, il y aura un mort, et à Chantilly, durant l'attaque de la Société Générale, deux employés sont tués.

Il travaille un temps à Ivry-sur-Seine pour le soldeur anarchiste Antoine Gauzy.

Il est arrêté le 24 avril 1912, dans un petit hôtel de Belleville.

Il comparaît à partir du 3 février 1913 devant les assises de Paris, en compagnie de dix-neuf autres accusés, parmi lesquels se trouvent Victor Serge et Rirette Maîtrejean, les gérants du journal L'Anarchie.

Il est l'un des quatre accusés à être condamné à mort. Après le verdict, il disculpe Eugène Dieudonné, également condamné à mort pour sa participation supposée à l'agression de la rue Ordener. Dieudonné sera gracié.

Son exécution a lieu le 21 avril 1913, en même temps que celles d'André Soudy et de Raymond Callemin (Raymond-la-Science).

« Bande à Bonnot »

La bande d’anarchistes illégalistes connue sous le nom de « bande à Bonnot » (Garnier, Valet, Callemin, Soudy, Monier et quelques complices) a sévi moins d’un an, entre décembre 1911 et mai 1912. Ce n’est donc pas à la durée de son activité qu’elle doit sa postérité, mais bien plutôt à la fulgurance des actes commis et leur dimension politique.

Près d’un siècle après, l’expression de « bande à Bonnot » conserve une forte puissance évocatrice. Pourtant, qui veut connaître de nos jours l’histoire et la perception de « la bande » en son temps doit se dégager de l’imaginaire romanesque dont elle a été peu à peu recouverte. Alors que Bonnot fut représenté de son vivant comme un dangereux criminel, son image est aujourd’hui auréolée d’un franc capital de sympathie.

En 1926, un journaliste anarchiste sympathisant retraçait l’histoire et la genèse des « bandits tragiques » en renvoyant à la situation sociale : « Pesez les inégalités, les injustices, l’intolérable opulence d’une minorité jouissante face à la misère morale et matérielle du plus grand nombre plongé dans les geôles du travail qui tue...Oui, voyez tout cela. Scrutez le visage angoissé et grimaçant de notre aimable société... Et vous aurez découvert, en dehors des causes purement accidentelles, la vraie logique et la seule explication des Bandits Tragiques » (Victor Méric, Les bandits tragiques, Paris, S. Kra, 1926, p. 216)

Moins d’un demi-siècle après les faits, la vie de Bonnot était devenue une épopée des temps modernes, son nom, le symbole d’une révolte violente et généreuse contre une société répressive et corrompue. 

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